En ce temps-là, Jésus disait :
« Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures.
C’est ainsi que vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes, vous décorez les tombeaux des justes,
et vous dites : “Si nous avions vécu à l’époque de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des prophètes.”
Ainsi, vous témoignez contre vous-mêmes : vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes.
Vous donc, mettez le comble à la mesure de vos pères ! »
Matthieu 23, 27-32
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Jésus avait-il conscience que sa Parole résonnerait toujours avec la même acuité vingt siècles après ses affrontements si durs avec les scribes et les pharisiens de son temps ? Aurait-il pu imaginer que ceux qui se réclameraient de ses disciples voire de ses serviteurs et “spécialistes” en Ecritures se rendraient coupables des mêmes travers que les dignitaires religieux de son époque et de sa tradition ? Notre Seigneur n’est-il pas excédé de nos jours aussi par la fatuité et l’hypocrisie de ceux qui couvrent de fleurs les autels, tombeaux et reliquaires des saints canonisés, prêchant sur eux en longues envolées lyriques, alors qu’ils sont dans la droite ligne de succession des responsables religieux qui les ont persécutés de leur vivant, la vie de chaque saint étant jalonnée de manifestations d’incompréhension voire d’ostracisation de la part de leurs contemporains confesseurs, abbés, directeurs spirituels, confrères en religion ou simplement proches de même confession religieuse ?
Jésus ne souffre-t-il pas intimement avec celles et ceux qu’il envoie vers l’Eglise et le monde aujourd’hui, avec une parole forte de sa part, et qui sont si mal reçus quand ils annoncent une vérité qui déplaît en raison de la mollesse et de la mièvrerie de la théologie contemporaine, toujours préférée à la folle intransigeance évangélique par la hiérarchie catholique ? Car n’est-ce pas, il ne faut pas heurter les derniers fidèles présents à la messe au risque de les perdre, il ne faut pas contrister les personnes présentes à des obsèques qui pourraient s’offusquer de ne pas entendre que leur défunt sera déjà le jour-même à la table du paradis avec un couvert prêt pour lui, et surtout, il faut ménager la conscience des donateurs au denier du culte, de préférence proportionnellement à leurs capacités financières…
Et ainsi se met-on subrepticement à prêcher un faux évangile : le baptisé, qui plus est le catholique pratiquant régulier, est déjà sauvé et exempt du jugement dernier, la mort est un doux passage entre la vie terrestre et l’Eternité bienheureuse, la richesse n’est pas un problème aux yeux de Dieu, il suffit à n’importe quel chameau de mettre un joli billet dans une enveloppe Caritas (contre reçu fiscal) et le chas de l’aiguille se dilatera jusqu’à laisser passer même les bosses chargées de valeurs boursières en tout genre. Au besoin, si on ne sait vraiment pas quoi faire de son patrimoine au moment de passer de son quartier huppé au confort encore plus grand du paradis, on peut toujours laisser un leg à son diocèse ou à sa congrégation religieuse préférée, cela vaudra largement un ticket d’entrée au Royaume, encore mieux qu’une Indulgence plénière…
Alors à ceux qui vont encore haïr mes propos car je ferais mieux de voir la poutre dans mon propre œil, aux adorateurs des Gospa et autres pseudo-mystiques qui en appellent à la paix définitive dans le monde, les bras levés au ciel, et pensent qu’elle s’obtiendra par le retour en mantille au sein de l’Eglise catholique, la soumission des femmes à leurs maris et confesseurs et le nombre de messes dites dans des sanctuaires ruisselants de chèques de dix-huit euros – “Pour votre confort, nous disposons à présent d’un terminal de carte bleue…” * – je dis avec force que Jésus ne les épargnerait pas davantage, s’il était là, qu’il n’a ménagé les pharisiens de son temps par un soi-disant devoir de révérence à leurs prérogatives dans le Temple et les synagogues.
J’insulte la Sainte Eglise catholique et apostolique dont le roc est le Christ ?
Peut-être, surtout quand elle se compromet avec l’erreur manifeste par calcul et manque de rigueur évangélique.
Non, je ne supporte pas la contagion vénale et la compromission avec le diable déguisé en ange de lumière en son sein.
Non, je ne me réjouis pas de “vocations” à la faire grandir et prospérer quand “l’appel” initial ne vient pas du Seigneur mais d’apparitions frauduleuses et d’œuvres littéraires dévoyées.
Et j’ajoute qu’il est inutile de s’apitoyer sur mon supposé psychisme de “femme blessée”. Ni de m’adresser des vœux mielleux de sérénité et de conversion un jour à ces futures canonisées que seraient Maria Valtorta et ces très pieuses “voyantes” de Medjugorje.
Je suis en colère contre la molle tolérance de certains catholiques à ces très graves déviances. Même quand le Vatican est à peu près clair – sur le cas Valtorta notamment – la propagande indue continue, les adeptes du faux harcèlent les lanceurs d’alerte et déversent sur le seuil de leur réputation des tombereaux de fumier.
Alors oui, il serait temps de remettre à jour le logiciel de notre compréhension des Ecritures : le vilain pharisien et le scribe perfide ne sont plus depuis longtemps les juifs réputés “déicides”. Et la colère de Dieu, réelle et palpable quand on sait le fréquenter de près dans l’oraison, bouillonne contre les faussaires de l’Evangile et tous ceux qui ne leur opposent qu’une molle réaction, quand ils ne se compromettent pas tout-à-fait avec eux par intérêt ecclésial et pécuniaire.
Note :
*Allusion à une installation récente au Mont Sainte-Odile en Alsace (voir photo).
Tandis que vous tentez désespérément de vous recueillir dans la chapelle qui se trouve entre le tombeau de Sainte Odile et l’église, non seulement vous devez endurer un flot de touristes déposant plus ou moins silencieusement une bougie, mais encore le “kling” du terminal de carte bancaire qui retentit bruyamment à chaque offrande consentie pour une messe ou une neuvaine.
Ma fille et moi-même avons trouvé cela vraiment indécent.
Source image : https://www.mon-week-end-en-alsace.com/mont-sainte-odile-incontournable-alsace/