
Il est bon de s’interroger un peu sur notre propre réaction à cette polémique : un Saint Nicolas à Bar-le-Duc, en Lorraine dont “il” est le saint patron, a dézingué en une phrase le mythe du Père Noël devant tous les enfants présents pour le voir, à l’occasion de la fête de Saint Nicolas, en compagnie de leurs parents.
Enfants choqués, parents outrés.
Et pourtant…
Certes, cet homme déguisé en Saint Nicolas a abusé de son statut éphémère pour envoyer valser le Père Noël dans les caisses de coca-cola dont il n’aurait jamais dû émerger il y a 100 ans.
Briseur de rêves d’enfants, ou lanceur d’alerte en 2025 ?
Comme je l’ai écrit samedi 6 décembre ici-même, petite fille dans ma Lorraine natale, j’ai cru en Saint Nicolas jusqu’à 6 ou 7 ans. Ce bon Saint nous gâtait en sucreries très basiques et nous en étions heureux. Et ce n’était finalement pas un drame de comprendre à l’âge de raison que ce n’était qu’un villageois déguisé en Saint Nicolas qui venait dans notre école pour nous remettre un sachet de friandises financées par la mairie…
Cela n’empêchait pas que l’évêque de Myre ait un jour existé, et ait peut-être de bonnes intentions pour les enfants au jour de sa fête. Il n’avait certainement pas libéré trois enfants du saloir d’un boucher, mais sa personne historique et religieuse n’était pas remise en question pour autant. On pouvait toujours solliciter son intercession.
Le Père Noël n’est pas du même acabit. Il est un mensonge entretenu par toute une société qui n’y croit plus, mais qui met en scène des tas de scénarii pour appuyer une légende totalement fantasque. Déguisements, complicité des bureaux de Poste, contes et chansons à profusion et jusqu’à du tourisme en Scandinavie pour entretenir l’illusion.
Même les journaux télévisés censés diffuser des contenus d’actualités véridiques y vont chaque année de leurs reportages complaisants sur le Père Noël, entretenant un langage convenu pour ne surtout pas écorner ce mensonge occidental qui a pris des proportions inimaginables.
Se demande-t-on un seul instant quel sera le ressenti d’un enfant qui découvre vers ses 7 ans que ses parents lui ont menti tout ce temps, que la société tout entière les a plongés dans une mystification qu’elle n’a jamais remise en question pour ce qui est du rapport à la vérité que l’on instaure chez ces jeunes personnes en devenir ?
Une amie m’a dit un jour qu’elle avait perdu confiance dans les adultes en apprenant qu’elle avait été manipulée enfant par ces tissus de mensonges.
Je pense qu’elle n’est pas la seule.
Et ce qui pose un problème encore plus grand, et notamment en France, c’est d’en venir à haïr les références au religieux, surtout au christianisme, à être prêt à jeter la pierre à qui ose confesser une foi au Dieu unique voire trinitaire, tandis qu’on enseigne sans aucun scrupule aux enfants à croire en un Père Noël capable de gâter richement les riches et modestement les pauvres…
Que l’on s’interroge enfin sur les méfaits pour la foi en Dieu de la croyance, pendant les plus tendres et marquantes années de l’enfance, en un Père Noël qui exécute les convoitises matérielles parfois sans limites de ces petits consommateurs effrénés !
Comment croire ensuite en un Dieu qui n’est pas tenu d’exaucer dans l’instant toutes les prières de demande, et qui, contrairement au Père Noël, donne parfois tout autre chose que ce qu’on lui avait réclamé ?
Dieu est souverainement libre de faire grâce à qui il veut, comme il veut et quand il veut, à l’opposé d’un Père Noël qui apporte des cadeaux matériels sur injonction de petits êtres déjà pleins de convoitises.